Durée de l’audio : 3:39 min
[Voix du Capitaine Gérard Caron]
Capitaine Gérard Caron, pis à l’époque quand je suis déployé pour l’Afghanistan, j’étais déployé avec le 430e Escadron tactique d’hélicoptères. Mon rôle principal, j’étais copilote pour le Griffon, le CH-146. Notre tâche au niveau du Griffon, on a eu quand même plusieurs tâches. Une tâche principale était d’escorter le Chinook, CH-147. Notre deuxième tâche était de faire beaucoup de reconnaissance aérienne, de supervision des routes. Après ça, on a eu beaucoup de transport de personnages importants, qu’on appelle VIP. Et puis, transport à un certain moment donné pour certains militaires qui avaient différentes bases ou locations à aller. Et puis on a fait aussi des évacuations de blessés et puis, dans certains cas, malheureusement, on a eu aussi l’évacuation de certains de nos héros.
Les gars étaient en opération, les gars sur le terrain. Le Royal 22e Régiment était en train de faire une opération. Y’a eu un incident. On a perdu un des héros durant la journée. Ou dans le matin de bonne heure qu’on devrait dire. Nous, on était partis. On avait été faire une mission d’escorte, en fait, c’est pas vrai. Pas une escorte. On est allés porter de l’équipement dans une autre province. Dans la province d’Helmand. Quand on a passé le matin, on a entendu qu’on avait perdu un héros. Et puis, c’était pas à nous de faire cette mission-là. Donc, nous, on a continué. On s’est posé des questions dans la journée. Quand on est revenus le soir, on a reposé les questions parce qu’on passait dans le secteur. On a posé des questions à l’élément au sol, le bataillon qui était là, au sol. Et puis, on nous a dit qu’il y avait encore des gars dans la montagne. Donc, là, l’équipage, on s’est regardés. Là, on a dit : « c’est pas notre mission, mais on pourra peut-être essayer de faire quelque chose. » C’est moi qui était du côté de l’administration, j’appelle. Je ne volais pas la machine. Je faisais les communications, ces affaires-là, avec l’appareil. J’ai commencé à faire une communication avec les troupes au sol. Pis là, on s’est fait dire que depuis le matin, les gars étaient dans la montagne pis que personne voulait aller les chercher. Pis qu’éventuellement, ça va être dangereux. Ils ont été transportés par hélicoptère, pis c’était dangereux de monter. Eux autres avaient combattu dans la journée.
Bon, nous autres, on avait décidé : « bon, on l’essaye. » On n’avait pas beaucoup d’essence. On était rendus pas mal à la limite du carburant qu’on pouvait faire. On a dit : « on va essayer au moins de faire une passe. On va essayer. » La première passe qu’on a fait, on est entrés, et puis, de la manière que c’était installé, c’était vraiment dans un flanc de montagne... Pis, les gars... si on avait réussi à mettre... à essayer de les embarquer... Les gars ne passaient pas en dessous de l’hélice, tellement c’était proche de la paroi. On a dit :« on va refaire un tour, on va revenir, puis descendez juste sur le bord du précipice. Attendez, laissez-nous un pied. On va mettre un skid [patin de l’hélicoptère] là-dessus. » On est revenus. On s’est réinstallés. On a avancé. On a mis un skid. On a embarqué les gars puis on est partis. On a réussi à sortir les gars de la montagne dans l’après-midi. Ça, je pense que c’était le good show [bon spectacle] qu’on a fait. Moi, c’est celle-là que je me rappelle le plus. C’était cette mission-là. Sortir nos trois gars de la montagne. Après que eux, on l’a su par après, que les gars avaient pu d’eau. Ils avaient vidé l’eau, vidé leur nourriture parce qu’ils voulaient avoir le moins de poids possible pour pouvoir embarquer dans les machines. Ça fait qu’ils ont passé la journée pas d’eau, pas de nourriture, à la chaleur, à 40-45 degrés, 50 degrés.
Ça fait que, je peux vous confirmer que ces trois gars-là, toutes les fois que je les revois au jour du Souvenir, c’est facile de s’embrasser. Pas de s’embrasser, faire des accolades. Pis on s’appelle par notre prénom pis ça devient vraiment des buddy [partenaires] de mission.