Durée de l’audio : 2:22 min
[Voix du capitaine DHG]
J’étais pilote sur le Airbus dans le fond. À la fin, j’étais commandant de bord ou Tanker commander pour les missions de ravitaillement. Les missions pouvaient durer, je sais pas, entre quatre pis sept heures, faque ça variait beaucoup. Parce que le plus longtemps on volait, le moins on pouvait donner de gaz, parce que le gaz de l’avion est le gaz qu’on donne aux autres aussi. Si on avait pu voler deux heures, on aurait pu donner bien plus de gaz, mais vu que le théâtre d’opération était plus en Irak pis en Syrie pis nous autres on décollait du Koweït, on avait au moins une heure de vol à faire avant de se rendre. Un hard deck qu’ils appellent dans le fond, qui est une limitation nationale [altitude minimale], pis on n’avait pas le droit de descendre en bas de ça. Dans le fond, c’est des boîtes de ravitaillement, c’est des coordonnées GPS qui faisaient comme un carré ou un rectangle. Pis fallait se rendre à ces trucs-là, pis on attendait les chasseurs là-dedans. Faque, souvent on était proches de ces affaires-là.
Mais y’avait des zones qu’on n’avait pas le droit de survoler parce que y’avait des tirs d’artillerie ou y savaient que c’était plus dangereux, c’est pourquoi on y allait pas. Mais en général c’est ça. On a survolé l’Irak pis la Syrie quasiment à chaque mission. À un moment donné, y’a fallu ravitailler six avions en même temps. Dans le fond, on était au-dessus de l’Irak, pis quand on ravitaille, on baisse la vitesse, dans le fond, pour que… chaque chasseur a une vitesse optimale de ravitaillement, faque on baisse notre vitesse à ça. On venait de finir de ravitailler, pis on a réaugmenté la vitesse pour s’en aller, ou pour changer de zone, je m’en rappelle plus. Pis, dans le fond, y’a un des moteurs, le moteur marchait encore, mais y produisait pu de poussée. Faque là on a déclaré une urgence, on est revenus au Koweït. Y’a pas eu d’autres incidents, mais c’est juste un peu tannant, t’es au-dessus de l’Irak, j’ai pas beaucoup envie d’atterrir ici.
J’ai dû faire… J’ai fait au-dessus de 100 vols. Admettons, à chaque vol en moyenne, on donnait 60 000 livres de gaz; au bout de la ligne, on a donné peut-être plus que 6 millions. Ça, c’est juste moi, pis l’avion en tant que tel a fait au-dessus de 1 000 vols. La mission ultime, c’était de donner du gaz aux jets pour qu’eux autres puissent bombarder à El-Aziz dans son état, pour que ça aide tout le temps les jets. Si le jet y dit : « Ben j’aimerais mieux qu’on descende plus bas », ben ok on va demander de descendre plus bas, moi, ça me dérange pas; ou « Tu peux-tu me rencontrer là à la place ? », oui pas de problème, on va s’arranger.